DÉTERRITORIALISATION
2015 – 2017, 12 prints on aluminium, 66 cm x 100 cm each

 

Dans le contexte particulier des migrations politiques, Déterritorialisation pose plastiquement la question du seuil, ici envisagé comme une frontière. Chacune des douze photographies de la série fait suite à une expérimentation favorisant l’apparition de seuils générés par la rencontre entre différentes espèces de micro-organismes. Placés dans un dispositif photographique conçu pour l’œuvre, les micro-organismes sont activés, cultivés ou ramenés à la vie dans un environnement approprié, mais hautement sélectif. Pour survivre, ils doivent naturellement mettre en place des stratégies de prolifération, en traversant une frontière, un seuil, qui les mènera vers les ressources nécessaires à leur sauvegarde, rejouant en définitive la sélection naturelle darwinienne.
Leur regroupement en trois populations distinctes reprend les emplacements géographiques des camps de réfugiés installés à Calais, par rapport à la frontière franco-anglaise, jusqu’en 2016. Chaque photographie a ainsi été réalisée en hommage à un ou plusieurs réfugiés décédé(s) lors de la traversée de cette frontière. Au-delà de cette analogie, les choix stratégiques des protagonistes semblent illusoires. Si leurs déplacements mettent en jeu et questionnent les mécaniques d’un seuil, parfois compris comme une frontière, comme un entredeux infranchissable, comme la limite démographique d’une population, voire comme une limite morale ou politique, ils demeurent, malgré eux, tributaires de leur environnement. Dans tous les cas, leur transmigration est régie par cette unique frontière.

In the particular context of political migration, Deterritorialisation plastically poses the question of the threshold, here envisaged as a border. Each of the twelve photographs in the series is the result of an experiment favoring the appearance of thresholds generated by the encounter between different species of microorganisms. Placed in a photographic device designed for the work, the microorganisms are activated, cultivated or brought back to life in an appropriate but highly selective environment. In order to survive, they must naturally develop proliferation strategies, by crossing a frontier, a threshold, which will lead them to the resources they need to survive, replaying endlessly the Darwinian natural selection.
Their grouping into three distinct populations is similar to the geographical locations of the refugee camps set up in Calais, in relation to the French-English border, until 2016. Each photograph was taken in homage to one or more refugees who died crossing the border. Beyond this analogy, the protagonists’ strategic choices seem illusory. If their movements challenge and question the mechanics of a threshold, sometimes understood as a border, as an impassable in-between, as the demographic limit of a population, or even as a moral or political limit, they remain, in spite of themselves, dependent on their environment. In any case, their transmigration is controlled by this single border.